Pourquoi utilise-t-on l’expression « adorer le veau d’or » ?

Pourquoi utilise-t-on l'expression "adorer le veau d'or" ?

Il est courant d’entendre ou de lire l’expression « adorer le veau d’or » dans la langue française.

Mais d’où vient cette expression, et que signifie-t-elle réellement ?

Cet article a pour objectif de vous offrir un éclairage approfondi sur cette phrase qui puise ses origines dans l’histoire du peuple hébreu et qui est devenue une métaphore pour désigner l’attachement excessif à l’argent et aux biens matériels.

Nous explorerons les différentes facettes de cette expression, son origine biblique, sa portée symbolique et comment elle est utilisée dans notre société actuelle.

L’origine biblique de « adorer le veau d’or »

L’expression « adorer le veau d’or » est directement tirée d’un épisode de la Bible, plus précisément de l’Ancien Testament, dans le livre de l’Exode.

Le récit biblique raconte que, après la sortie d’Égypte, Moïse mène le peuple hébreu à travers le désert en direction de la Terre promise. Durant leur périple, Moïse reçoit de Dieu les Dix Commandements, ces règles de vie destinées à aider les Hébreux à vivre en harmonie avec leur Créateur et entre eux. Cet épisode se déroule sur le mont Sinaï, où Moïse demeure pendant quarante jours et quarante nuits.

Pendant ce temps, le peuple hébreu, las d’attendre et doutant de l’existence de Dieu, décide de se créer une nouvelle divinité. Ils fondent alors une statue en or représentant un veau, et se mettent à l’adorer. À son retour, Moïse découvre avec colère et consternation l’idolâtrie de son peuple. Il brise les tables des Dix Commandements et fait détruire le veau d’or.

Cet épisode de l’Exode revêt une portée symbolique majeure dans la tradition biblique, et l’expression « adorer le veau d’or » en est directement issue. Elle renvoie donc à l’idée d’un attachement excessif et coupable à un objet matériel, en l’occurrence le veau d’or, au détriment de la foi en Dieu.

La symbolique du veau d’or

Le veau d’or peut être perçu comme un symbole à plusieurs niveaux. Dans un premier temps, il représente l’infidélité du peuple hébreu envers Dieu et sa volonté de suivre un chemin plus aisé et matériel.

Le choix du veau comme animal n’est pas anodin. En effet, le veau est un animal sacrifié lors des rituels païens, notamment dans l’Égypte antique, d’où sortent les Hébreux. Ce choix peut donc être interprété comme un retour à des pratiques païennes, et par là même, comme une trahison envers le Dieu d’Israël.

De surcroît, le veau d’or est fabriqué à partir d’or, un matériau précieux et convoité. L’or est souvent associé à la richesse, au pouvoir et à la convoitise. Ainsi, le veau d’or symbolise l’attachement excessif aux biens matériels, qui prend le pas sur la foi en Dieu et les valeurs spirituelles.

Enfin, le veau d’or peut être vu comme une allégorie de l’égarement et de l’aveuglement face à la vérité. Le peuple hébreu, en adorant cette statue, rejette la vérité divine et se laisse séduire par une fausse divinité, qui n’a d’autre pouvoir que celui que les Hébreux lui attribuent.

« Adorer le veau d’or » dans la littérature et les arts

L’histoire du veau d’or et l’expression qui en découle ont été largement reprises et adaptées dans la littérature et les arts, témoignant de leur force symbolique et de leur portée universelle.

  • Le poète français Victor Hugo, dans son poème « Le Satyre » (1853), évoque l’adoration du veau d’or pour critiquer la société de son temps, où l’argent et le matérialisme priment sur les valeurs morales et spirituelles : « On adore, ô veau d’or ! ton front audacieux ; / Tout est prostitué, le poète et la muse, / Quand de l’or vient souiller la noble main qui use / Le ciseau du sculpteur ou la plume de l’oiseau. »
  • Le roman « L’Éducation sentimentale » (1869) de Gustave Flaubert met en scène le thème du veau d’or. L’un des personnages principaux, Mme Arnoux, qui incarne l’amour idéalisé et inaccessible du protagoniste Frédéric Moreau, est décrite comme fuyant devant lui « comme un veau d’or qu’on porte en procession ».
  • Le peintre français Gustave Doré a réalisé une œuvre intitulée « Le Veau d’or » (1866), qui représente la scène de l’Exode où les Hébreux adorent la statue pendant que Moïse brise les tables des Dix Commandements.

Ces exemples illustrent comment l’expression « adorer le veau d’or » et l’histoire qui l’accompagne ont traversé les siècles et les différents domaines artistiques, conservant leur pouvoir évocateur et leur charge symbolique.

Utilisation de l’expression dans la société actuelle

Aujourd’hui, l’expression « adorer le veau d’or » est couramment employée pour dénoncer un attachement excessif à l’argent et aux biens matériels. Elle s’applique ainsi aux individus et aux organisations qui semblent privilégier leurs intérêts matériels et financiers au détriment de valeurs morales, éthiques ou spirituelles.

Par exemple, on peut parler d’adoration du veau d’or dans le contexte d’une société de consommation effrénée, où l’accumulation de richesses et de possessions matérielles est perçue comme le principal objectif de vie. Dans ce sens, l’expression sert à dénoncer l’aliénation et la perte de sens engendrées par la course au profit et la recherche incessante de biens matériels.

L’expression peut aussi être utilisée pour critiquer des institutions ou des entreprises qui semblent privilégier la rentabilité financière au détriment de l’intérêt général, de l’environnement ou du bien-être de leurs employés. Dans ce cas, « adorer le veau d’or » revêt une dimension politique et sociale, dénonçant le pouvoir de l’argent et la prédominance des intérêts économiques sur les valeurs humaines et écologiques.

Enfin, l’expression peut être employée dans un contexte plus personnel, pour décrire une attitude individualiste et égoïste, où les préoccupations matérielles et financières l’emportent sur les relations humaines, l’amitié ou l’amour. Dans ce cadre, « adorer le veau d’or » renvoie à l’idée d’un sacrifice des valeurs morales et affectives sur l’autel de la réussite matérielle et de la richesse.

L’expression « adorer le veau d’or » puise ses racines dans un épisode biblique emblématique et revêt une grande richesse symbolique. Les différentes interprétations et utilisations de cette expression à travers les siècles et les domaines artistiques témoignent de sa force évocatrice et de sa pertinence pour décrire et critiquer les excès du matérialisme et de la cupidité. Aujourd’hui encore, « adorer le veau d’or » résonne comme une mise en garde contre les dangers de l’attachement excessif aux biens matériels et de la prédominance des intérêts financiers sur les valeurs morales, spirituelles et humaines.

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Paola Corie

Passionnée par l'astrologie depuis plus de 20 maintenant, je vous propose l'Horoscope gratuit chaque jour.