Pourquoi l’écriture cunéiforme nous est-elle encore connue aujourd’hui ?

L'écriture cunéiforme

Plus ancienne forme d’écriture retrouvée à ce jour, l’écriture cunéiforme est un témoin fascinant de l’histoire de l’humanité.

Issue des civilisations mésopotamiennes, elle a traversé les millénaires et continue de captiver les chercheurs par ses mystères et son ingéniosité.

Mais pourquoi avons-nous encore connaissance de cette écriture aujourd’hui ?

Quels sont les éléments qui ont contribué à sa préservation et à sa redécouverte ?

Cet article se propose de répondre à ces questions en explorant les origines de l’écriture cunéiforme, les raisons de sa longévité et les découvertes archéologiques qui ont permis de mieux la comprendre.

Les origines et l’évolution de l’écriture cunéiforme

Le berceau de l’écriture cunéiforme se trouve en Mésopotamie, région située entre les rivières Tigre et Euphrate, correspondant à l’actuelle Irak. Cette écriture est apparue autour de 3400 av. J.-C., dans le cadre du développement des premières civilisations urbaines, notamment celle des Sumériens.

  1. Les premiers signes d’écriture : L’écriture cunéiforme est née d’un besoin de comptabilité et de gestion des ressources pour les premières cités-états. Les premiers signes étaient des pictogrammes, représentant des objets ou des actions, qui permettaient de noter des informations importantes, comme les transactions commerciales ou les recensements.
  2. L’évolution vers un système d’écriture complet : Au fil du temps, les pictogrammes se sont simplifiés et ont évolué vers des formes plus abstraites. Les scribes ont développé un système de phonétisation, permettant de représenter non seulement des objets, mais aussi des sons et des idées. Ainsi, l’écriture cunéiforme est devenue un moyen d’expression complet, capable de transcrire la langue parlée et de véhiculer des messages complexes.
  3. La diffusion de l’écriture cunéiforme : L’écriture cunéiforme est rapidement devenue un outil de communication indispensable pour les civilisations mésopotamiennes, notamment les Sumériens, les Akkadiens, les Babyloniens et les Assyriens. Elle a été adoptée par d’autres peuples de la région, tels que les Hittites, les Hourrites ou les Élamites, contribuant ainsi à la diffusion des connaissances et des cultures.

Les raisons de la longévité et de la préservation de l’écriture cunéiforme

Malgré l’émergence d’autres systèmes d’écriture, l’écriture cunéiforme a perduré pendant plus de 3000 ans. Plusieurs facteurs ont contribué à cette remarquable longévité, notamment l’utilisation de matériaux durables et l’importance accordée à la transmission du savoir.

  • Le choix du support : Contrairement à d’autres écritures anciennes, comme les hiéroglyphes égyptiens gravés sur des monuments en pierre, l’écriture cunéiforme était inscrite sur des tablettes d’argile. Ce matériau, abondant en Mésopotamie, avait l’avantage d’être facile à travailler et de conserver les inscriptions pendant des millénaires, une fois séché et parfois cuit.
  • La valeur accordée aux écrits : Les Mésopotamiens accordaient une grande importance à l’écriture, considérée comme un don des dieux. Les textes étaient souvent conservés dans des bibliothèques ou des archives, témoignant du souci de préserver et de transmettre les connaissances. De plus, les scribes jouissaient d’un statut social élevé, garantissant la pérennité de leur art et de leur savoir-faire.

La redécouverte et l’étude de l’écriture cunéiforme

Après la chute des dernières civilisations utilisant l’écriture cunéiforme, vers le Ier siècle av. J.-C., celle-ci est tombée dans l’oubli pendant près de 2000 ans. Ce n’est qu’au XIXe siècle que les archéologues et les orientalistes ont commencé à redécouvrir et à déchiffrer ce système d’écriture, grâce notamment à des découvertes majeures.

  1. Les premières découvertes : Au début du XIXe siècle, des explorateurs et des diplomates occidentaux, tels que Claudius James Rich, ont commencé à s’intéresser aux ruines des anciennes cités mésopotamiennes. Ils y ont découvert de nombreuses tablettes d’argile, couvertes d’inscriptions mystérieuses.
  2. Le déchiffrement de l’écriture cunéiforme : Le véritable déchiffrement de l’écriture cunéiforme a commencé en 1842, lorsque l’assyriologue britannique Henry Rawlinson a réussi à décoder une inscription en langue akkadienne sur la stèle de Behistun, en Iran. Cette découverte a ouvert la voie à d’autres travaux de déchiffrement, impliquant des chercheurs tels que Edward Hincks, Jules Oppert ou Paul Haupt.
  3. La compréhension des langues et des cultures : Grâce au déchiffrement de l’écriture cunéiforme, les chercheurs ont pu accéder à une mine d’informations sur les langues, les cultures et l’histoire des peuples mésopotamiens. Des centaines de milliers de tablettes ont été ainsi traduites et étudiées, révélant des textes littéraires, des lois, des traités, des correspondances diplomatiques, des documents administratifs et des inscriptions religieuses. L’écriture cunéiforme est ainsi devenue une véritable clé pour comprendre l’histoire de la Mésopotamie et de ses peuples.

La préservation et la valorisation de l’écriture cunéiforme aujourd’hui

Depuis sa redécouverte au XIXe siècle, l’écriture cunéiforme a suscité un intérêt croissant de la part des chercheurs et du grand public. Plusieurs initiatives ont été mises en place pour préserver ce patrimoine unique et le rendre accessible à tous.

  1. La conservation des tablettes : Les tablettes d’argile portant des inscriptions cunéiformes sont aujourd’hui conservées dans des musées et des institutions du monde entier, comme le British Museum à Londres, le Louvre à Paris ou le Pergamon Museum à Berlin. Des mesures de conservation et de restauration sont mises en œuvre pour assurer la pérennité de ces témoignages fragiles et précieux.
  2. La numérisation et la diffusion des textes : Pour faciliter l’accès aux textes cunéiformes et leur étude, des projets de numérisation ont été lancés, tels que le Cuneiform Digital Library Initiative (CDLI) ou le Electronic Text Corpus of Sumerian Literature (ETCSL). Ces initiatives permettent de consulter en ligne des images et des transcriptions de tablettes, ainsi que des traductions et des commentaires.
  3. L’enseignement et la recherche : L’étude de l’écriture cunéiforme et des langues mésopotamiennes est aujourd’hui enseignée dans de nombreuses universités et centres de recherche à travers le monde. Des spécialistes, tels que les assyriologues et les sumérologues, continuent d’approfondir nos connaissances sur ces écrits anciens et leur contexte historique et culturel.
  4. La valorisation et la diffusion auprès du grand public : L’écriture cunéiforme est mise en valeur à travers des expositions, des conférences et des publications destinées au grand public. Elle suscite ainsi la fascination et la curiosité, tant pour son caractère esthétique que pour son importance dans l’histoire de l’humanité.

L’écriture cunéiforme, en tant que première forme d’écriture connue de l’humanité, constitue un patrimoine culturel et historique d’une valeur inestimable. Sa préservation et sa redécouverte résultent d’un ensemble de facteurs, allant de l’utilisation de matériaux durables, comme l’argile, à l’intérêt des chercheurs et des institutions pour son étude et sa valorisation.

Aujourd’hui, l’écriture cunéiforme demeure un témoignage unique et précieux des premières civilisations mésopotamiennes et de leur contribution à l’histoire de l’écriture et de la pensée humaine. Sa préservation et sa transmission aux générations futures sont autant d’enjeux que de défis à relever, pour que ce trésor du passé continue d’éclairer notre présent et notre avenir.

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Paul S

J'ai toujours été passionné par le web, j'ai découvert internet en 1996 alors que Google n'existait pas encore. Je suis très curieux et j'adore découvrir de nouvelles choses. Je partage mes trouvailles, conseils selon l'humeur du moment.