Pourquoi le mystère du dernier bouton d’un costume demeure-t-il intact ?

Pourquoi le mystère du dernier bouton d'un costume demeure-t-il intact ?

Le port du costume est devenu au fil des années une véritable institution dans le monde professionnel et mondain.

Il incarne l’élégance, le raffinement et le sérieux, mais un certain nombre de codes et de règles à respecter pour éviter les impairs et les fautes de goût.

Parmi ces règles, il en est une qui peut paraître étrange et qui suscite de nombreuses interrogations : pourquoi ne boutonne-t-on pas le dernier bouton d’un costume ?

Quelle est l’origine de cette tradition et quelles en sont les raisons ?

Cet article se propose d’explorer en détail cette question, qui nous emmènera sur les traces des rois et des tailleurs, des dandys et des hommes d’affaires, à travers l’histoire et les modes qui ont forgé les codes vestimentaires que nous connaissons aujourd’hui.

Les origines historiques du dernier bouton laissé ouvert

La première piste pour comprendre cette énigme du dernier bouton non attaché nous ramène à plusieurs siècles en arrière, à l’époque où le costume n’existait pas encore tel que nous le connaissons aujourd’hui.

  • Le règne de Louis XIV : C’est sous le règne du Roi Soleil que la mode des habits à la française se développe, avec des manteaux longs et ajustés portés sur un pourpoint ou une veste, eux-mêmes fermés par des boutons. On raconte qu’à cette époque, Louis XIV aurait ordonné à sa cour de ne pas attacher le dernier bouton de leurs manteaux, en signe d’obéissance et d’humilité envers le souverain. Cette pratique se serait ensuite répandue dans toute l’aristocratie française et européenne.
  • La révolution industrielle : Au XIXe siècle, avec le développement des chemins de fer et des transports en commun, les costumes deviennent plus pratiques et adaptés aux déplacements. Les tailleurs commencent alors à concevoir des vestes plus courtes, à l’image du fameux « sacque-back coat » britannique. Pour faciliter la mobilité et le confort, il est désormais préférable de laisser le dernier bouton de la veste ouvert, permettant ainsi une meilleure aisance dans les mouvements.
  • Le dandysme : Au tournant du XXe siècle, le dandysme fait son apparition, incarné par des figures telles que Beau Brummell ou Oscar Wilde. Ces dandys considèrent que la manière de se vêtir est un art à part entière, et leur recherche d’élégance les amène à adopter des codes vestimentaires précis, dont le fait de ne pas boutonner le dernier bouton de leur veste, perçu comme un signe de distinction et de raffinement.

Les raisons pratiques et esthétiques derrière cette règle

Au-delà des origines historiques, il existe des raisons pratiques et esthétiques qui expliquent la persistance de cette règle du dernier bouton laissé ouvert.

  1. Le confort : Laisser le dernier bouton ouvert permet d’avoir une plus grande liberté de mouvement et de se sentir plus à l’aise dans sa veste. Cela évite notamment que le tissu ne se tende trop lorsque l’on s’assoit ou que l’on se penche, et cela prévient l’apparition de plis disgracieux.
  2. L’harmonie des proportions : Le fait de ne pas boutonner le dernier bouton permet de conserver une certaine harmonie dans les proportions de la veste et du pantalon, en respectant la règle du « triangle d’or » qui veut que la longueur de la veste soit égale à la longueur du torse et que la longueur du pantalon soit égale à la longueur des jambes. En fermant le dernier bouton, on risque de déséquilibrer ces proportions et de créer un effet tassé peu flatteur pour la silhouette.
  3. Le respect des codes : La non-fermeture du dernier bouton est devenue au fil du temps un signe de reconnaissance et d’appartenance à une certaine élite qui maîtrise les codes de l’élégance et du savoir-vivre. En respectant cette règle, on montre ainsi que l’on connaît les us et coutumes vestimentaires et que l’on fait partie de ce cercle privilégié.

Les exceptions à la règle : quand faut-il boutonner le dernier bouton ?

Si la règle du dernier bouton ouvert est généralement admise et respectée, il existe néanmoins quelques exceptions qui permettent, voire imposent, de déroger à cette règle.

Les costumes croisés :
Les costumes croisés, caractérisés par leurs deux rangées de boutons, sont conçus pour être entièrement boutonnés. Dans ce cas précis, il est donc non seulement autorisé, mais recommandé de fermer tous les boutons, y compris le dernier, pour conserver une silhouette harmonieuse et élégante.
Les costumes à un seul bouton :
Les costumes à un seul bouton, souvent portés lors d’événements formels ou de soirées, sont conçus pour être fermés en toutes circonstances. Là encore, il convient donc de suivre les codes imposés par le style du costume et de fermer le seul et unique bouton présent sur la veste.
Les tenues traditionnelles et folkloriques :
Dans certaines régions du monde, les tenues traditionnelles comportent des vestes et des manteaux qui sont prévus pour être entièrement boutonnés. Dans ce cas, il convient de respecter les usages locaux et de suivre les codes vestimentaires propres à chaque culture, qui peuvent parfois différer des règles généralement admises en matière de costume.

Les conséquences sociales et psychologiques du non-respect de cette règle

Ne pas respecter la règle du dernier bouton ouvert peut avoir des conséquences sociales et psychologiques, parfois insoupçonnées, pour celui qui commet cette « faute » vestimentaire.

  • Le jugement des autres : Les personnes qui maîtrisent les codes de l’élégance et du savoir-vivre peuvent être promptes à juger ceux qui ne respectent pas cette règle, et à les considérer comme moins raffinés ou moins compétents dans leur domaine. Il en va de même pour les recruteurs ou les employeurs, qui peuvent être sensibles à ce type de détail lors d’un entretien d’embauche ou d’une réunion de travail.
  • L’effet sur l’estime de soi : Le fait de ne pas connaître ou de ne pas respecter cette règle peut engendrer un sentiment d’infériorité ou de malaise chez celui qui la transgresse, et nuire à son estime de soi et à sa confiance en lui. En revanche, maîtriser cette règle et les autres codes vestimentaires peut contribuer à renforcer l’image que l’on a de soi et à se sentir plus sûr de soi dans ses relations sociales et professionnelles.
  • La cohésion sociale : Respecter les codes et les règles de la société dans laquelle on évolue est un moyen de se sentir intégré et accepté par les autres membres de cette société. Ne pas suivre cette règle du dernier bouton ouvert peut donc créer un sentiment d’exclusion ou de marginalisation, et nuire à la cohésion sociale.

La règle du dernier bouton d’un costume laissé ouvert est le fruit d’une longue histoire et de nombreuses traditions, qui ont su traverser les siècles et s’adapter aux évolutions de la mode et des mœurs. Si elle peut paraître étrange ou dénuée de logique, elle n’en reste pas moins un code vestimentaire à respecter pour ceux qui souhaitent faire preuve d’élégance et de raffinement, et éviter les écueils et les faux pas dans leurs relations sociales et professionnelles. Comme pour toute règle, il existe des exceptions qui permettent de s’affranchir de cette contrainte, mais il convient de bien connaître les circonstances et les occasions où cela est possible, pour ne pas commettre d’impair. Enfin, respecter cette règle et les autres codes de l’élégance peut avoir des conséquences positives sur l’estime de soi et sur la perception que les autres ont de nous, et contribuer ainsi à renforcer notre assurance et notre bien-être dans la vie de tous les jours.

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