L’odyssée d’Alexander Selkirk: le naufragé qui inspira Robinson Crusoé

Il est des histoires qui traversent les siècles et continuent de fasciner les générations.

L’incroyable épopée d’Alexander Selkirk, ce marin écossais du début du XVIIIe siècle, en est un exemple frappant.

Ce personnage haut en couleur, dont l’histoire a inspiré celle de Robinson Crusoé, a vécu une aventure extraordinaire et hors du commun, qui mérite d’être contée.

Comment ce naufragé volontaire a-t-il survécu pendant quatre années sur une île déserte du Pacifique ?

Quel a été son parcours avant et après cette période d’isolement ?

Comment son récit a-t-il influencé la littérature et la culture populaire ?

Autant de questions que cet article se propose d’explorer en détail, afin de mieux comprendre l’incroyable histoire d’Alexander Selkirk.

Les origines et la jeunesse d’Alexander Selkirk

Pour saisir l’essence même de cette histoire hors du commun, il convient de remonter aux origines d’Alexander Selkirk et d’évoquer les circonstances qui ont façonné son caractère et sa vie.

Né en Écosse, il grandit dans un contexte familial mouvementé.

• Né en 1676 : Alexander Selkirk voit le jour à Lower Largo, un petit village situé sur la côte est de l’Écosse. Il est le septième enfant d’une fratrie de huit.
• Une famille de marins : Issu d’une famille de marins, il est initié dès son plus jeune âge à la navigation et aux techniques de pêche. Son père, John Selcraig, était un tisserand et un navigateur réputé, tandis que sa mère, Euphan Mackie, était la fille d’un capitaine de navire.
• Une éducation religieuse : Élevé dans un foyer presbytérien, Alexander reçoit une éducation religieuse stricte, marquée par des principes rigides et austères.
• Un caractère rebelle : Cette éducation rigoureuse, ainsi que les tensions familiales, contribuent à forger un caractère rebelle et insoumis chez le jeune Alexander, qui se révèle être un élément perturbateur au sein de sa communauté.

Les débuts de sa carrière maritime

Loin de se laisser enfermer dans une vie morne et routinière, Alexander Selkirk choisit de prendre le large et d’embrasser une carrière maritime.

Ses premières expériences en mer seront marquées par des choix audacieux et des rencontres décisives.

1. Engagement dans la Royal Navy : À l’âge de 19 ans, Alexander s’engage dans la Royal Navy, où il acquiert rapidement une solide expérience de la navigation et des combats navals.
2. Désertion et débuts dans la piraterie : En 1701, il déserte la Royal Navy et rejoint une expédition de corsaires sous la bannière de William Dampier, un navigateur et explorateur britannique.
3. Ascension dans la hiérarchie : Grâce à ses compétences et son audace, Alexander gravit rapidement les échelons et devient capitaine de son propre navire, le Cinque Ports.

Le choix audacieux de l’isolement sur une île déserte

C’est en 1704, en pleine expédition dans l’océan Pacifique, qu’Alexander Selkirk prend la décision qui fera basculer sa vie et le conduira à vivre l’une des plus extraordinaires aventures de l’histoire maritime.

Confronté à un désaccord majeur avec son capitaine, il choisit de débarquer sur une île déserte plutôt que de poursuivre l’expédition.

Le différend avec le capitaine : En 1704, Alexander et son navire, le Cinque Ports, font partie d’une expédition commandée par William Dampier. Suite à une série de désastres et de pertes en mer, Alexander exprime ses doutes quant à la solidité et à la navigabilité du bateau. Le capitaine Thomas Stradling, un homme autoritaire et inflexible, refuse d’écouter les conseils d’Alexander et décide de poursuivre l’expédition.

Le choix de l’isolement : Face à l’intransigeance de son capitaine, Alexander prend une décision radicale : il demande à être débarqué sur l’île de Más a Tierra, située à 650 km des côtes chiliennes. Convaincu que le navire ne résistera pas aux conditions de navigation, il préfère tenter sa chance en solitaire sur cette île déserte et inhospitalière.

La vie sur l’île déserte : survie, solitude et résilience

Abandonné sur l’île de Más a Tierra avec quelques vivres et quelques outils, Alexander Selkirk doit rapidement faire face à la réalité de sa situation.

Pour survivre dans cet environnement hostile et isolé, il développe des compétences et des stratégies qui lui permettent de s’adapter à son nouvel environnement.

• La chasse et la pêche : Pour se nourrir, Alexander apprend à chasser les animaux sauvages qui peuplent l’île, tels que les chèvres, les rats et les tortues de mer. Il parvient à pêcher grâce à des techniques improvisées, en utilisant des hameçons fabriqués à partir d’épines et des fils de lin.
• La construction d’un abri : Pour se protéger des intempéries et des animaux sauvages, Alexander construit un abri solide et fonctionnel à partir de branches, de feuilles et de terre. Il aménage l’intérieur avec des objets récupérés sur l’île et des éléments de son équipement initial.
• Le feu : Maîtriser la technique du feu est un élément essentiel pour la survie d’Alexander. Il parvient à allumer et entretenir un feu grâce à des pierres à silex et des morceaux de bois sec. Ce feu lui permet de se chauffer, de cuire sa nourriture et de se protéger des animaux sauvages.
• La solitude : L’isolement et la solitude sont des épreuves particulièrement éprouvantes pour Alexander. Pour combattre l’ennui et préserver sa santé mentale, il s’organise des journées rythmées par des activités variées, telles que la lecture de la Bible, la prière, la chasse, la pêche et l’entretien de son abri. Il parvient ainsi à maintenir un semblant de vie sociale et à conserver un lien avec la civilisation.

Le retour à la civilisation et la postérité

Après quatre années passées sur l’île déserte, Alexander Selkirk est finalement secouru par un navire britannique en 1709.

Son retour à la civilisation est marqué par un intense désir de partager son histoire et de témoigner de son expérience unique.

1. Le sauvetage : Le 1er février 1709, Alexander est repéré par le navire Duke, commandé par le capitaine Woodes Rogers. Ce dernier, impressionné par la détermination et la résilience d’Alexander, décide de le prendre à bord et de le ramener en Angleterre.
2. Le récit de son aventure : De retour en Angleterre, Alexander raconte son histoire à de nombreux journalistes et écrivains, dont le célèbre Daniel Defoe. Son récit passionne le public et contribue à forger sa légende.
3. L’inspiration pour Robinson Crusoé : L’histoire d’Alexander Selkirk inspire grandement l’écrivain Daniel Defoe, qui publie en 1719 le roman « Robinson Crusoé ». Cette œuvre, considérée comme l’un des premiers romans de la littérature anglaise, connaît un succès retentissant et marque le début d’un genre littéraire : celui du roman d’aventures et de naufragés.
4. La fin de sa vie : Malgré son retour à la civilisation et la célébrité de son histoire, Alexander ne parvient pas à retrouver une vie stable et sereine. Il se remet à la navigation et participe à de nouvelles expéditions, avant de mourir en 1721, à l’âge de 45 ans.

Ainsi, l’incroyable histoire d’Alexander Selkirk, ce naufragé volontaire qui a survécu pendant quatre années sur une île déserte, a marqué l’histoire de la littérature et de la culture populaire. Son aventure, qui témoigne de la force de l’esprit humain face à l’adversité, continue d’inspirer et de fasciner les générations d’aujourd’hui. En dépit des épreuves et des défis qu’il a dû affronter, Alexander Selkirk est parvenu à transcender sa condition et à laisser une empreinte indélébile dans l’imaginaire collectif.