Les expressions et les dictons populaires sont souvent porteurs d’une sagesse ancestrale, transmise de génération en génération.
Parmi ceux-ci, « En mai, fais ce qu’il te plaît » est une formule qui a traversé les siècles pour arriver jusqu’à nous, mais d’où vient-elle et que signifie-t-elle réellement ?
Nous allons vous dévoiler les origines et la signification de cette expression française, qui fait la part belle au mois de mai et à la liberté d’action qu’il semble offrir.
Les racines médiévales de l’expression
Aux premières heures de son existence, l’expression « En mai, fais ce qu’il te plaît » était bien différente de celle que nous connaissons aujourd’hui.
En effet, elle puise ses racines dans la littérature médiévale, où elle se présentait sous la forme « Au mois de mai, chacun fait ce qui lui plaît ». Elle apparaît pour la première fois dans un texte datant du XIIIe siècle, attribué à un certain Jehan de Condet, poète et trouvère français.
Dans cette version primitive, l’expression mettait déjà en avant le mois de mai comme un moment propice à la liberté d’action, mais elle n’était pas encore associée aux aspects météorologiques et saisonniers qui la caractérisent aujourd’hui. Elle faisait plutôt référence aux coutumes médiévales et aux festivités qui se déroulaient à cette période de l’année, notamment les festivals des troubadours et les fêtes de la nature.
Une évolution sémantique et contextuelle
Au fil des siècles, l’expression « En mai, fais ce qu’il te plaît » a évolué, tant dans sa forme que dans sa signification.
Elle a ainsi été simplifiée et adaptée à la langue française moderne, tout en conservant l’idée de liberté d’action qui lui est propre. Toutefois, cette évolution ne s’est pas faite sans apporter de nouvelles connotations à l’expression.
En effet, le contexte dans lequel elle s’inscrit a également changé : si, à l’origine, elle faisait référence aux coutumes et festivités médiévales, elle est aujourd’hui davantage associée à la saison du printemps et à ses caractéristiques météorologiques. Ainsi, « En mai, fais ce qu’il te plaît » est désormais perçu comme un encouragement à profiter des beaux jours et de la clémence du temps pour se livrer à toutes sortes d’activités, sans contrainte ni entrave.
Une symbolique riche et variée
Au-delà de son évolution sémantique et contextuelle, l’expression « En mai, fais ce qu’il te plaît » est également porteuse d’une symbolique riche et variée.
En effet, elle peut être interprétée de différentes manières, en fonction des époques et des cultures.
Le mois de mai, par exemple, a longtemps été considéré comme le mois de l’amour et de la fertilité, en raison de la floraison des arbres et des plantes, qui symbolisent la vie et la fécondité. Ainsi, l’expression « En mai, fais ce qu’il te plaît » peut être perçue comme une invitation à céder aux passions amoureuses et à profiter des plaisirs charnels, dans un contexte de fertilité et de renouveau.
Par ailleurs, le mois de mai est également associé à la figure de la Vierge Marie dans la tradition chrétienne, qui célèbre la Fête de l’Annonciation le 25 mars (soit neuf mois avant la Nativité) et la Fête de la Visitation le 31 mai. Il est donc possible de voir dans l’expression « En mai, fais ce qu’il te plaît » un écho à cette dimension religieuse, qui met en avant la liberté de choix et la protection accordées par la Vierge Marie à ceux qui se placent sous son égide.
Enfin, d’un point de vue plus profane, le mois de mai est souvent perçu comme le moment où la nature reprend ses droits et où les jours s’allongent, offrant ainsi une plus grande liberté de mouvement et d’action. L’expression « En mai, fais ce qu’il te plaît » peut donc être comprise comme une incitation à saisir les opportunités offertes par cette période de l’année, à la fois sur le plan personnel et professionnel.
Les usages et déclinaisons de l’expression
Comme toutes les expressions populaires, « En mai, fais ce qu’il te plaît » est sujette à de nombreuses variantes et déclinaisons, qui témoignent de sa vivacité et de sa capacité à s’adapter aux contextes dans lesquels elle est employée.
Ainsi, il n’est pas rare d’entendre des formules telles que « En mai, fais ce qu’il te chante » ou « En mai, fais à ta guise », qui reprennent la même idée de liberté d’action et de choix.
Par ailleurs, l’expression a également donné lieu à des détournements et à des parodies, qui jouent sur la sonorité et la structure de la formule pour créer des effets comiques ou satiriques. Parmi les exemples les plus célèbres, on peut citer « En mai, fais ce qu’il te plaît, mais en juin, fais le bien », qui introduit une notion de responsabilité et de bienveillance à l’égard des autres, ou encore « En mai, fais ce qu’il te plaît, mais en avril, ne te découvre pas d’un fil », qui renvoie aux aléas climatiques et aux précautions à prendre en fonction des saisons.
Quoi qu’il en soit, l’expression « En mai, fais ce qu’il te plaît » continue de prospérer et de se réinventer au gré des usages et des contextes, témoignant ainsi de la richesse et de la diversité de la langue française et de sa capacité à véhiculer des idées et des valeurs universelles.
En somme, l’expression « En mai, fais ce qu’il te plaît » puise ses origines dans la littérature médiévale et a su traverser les siècles tout en évoluant dans sa forme et sa signification.
Aujourd’hui associée au printemps et à ses caractéristiques météorologiques, elle véhicule une symbolique riche et variée, qui fait la part belle à la liberté d’action, à l’amour et à la fertilité, ainsi qu’à la protection divine offerte par la Vierge Marie.
Employée dans de nombreux contextes et déclinée sous différentes formes, cette expression populaire témoigne de la vitalité et de la richesse de la langue française et de son pouvoir d’évocation.