Dans nos interactions quotidiennes, la politesse est de mise pour assurer une coexistence harmonieuse avec les autres.
Pourtant, certaines expressions couramment utilisées dans un souci de politesse peuvent parfois être perçues comme impolies.
En effet, derrière les apparences, elles peuvent cacher des sous-entendus, des jugements ou des critiques qui ne sont pas toujours bienveillants.
Nous décryptons pour vous 9 de ces expressions qui, bien que réputées « polies », peuvent en réalité s’avérer impolies.
1. « Pas de souci » ou « Pas de problème »
Employées pour rassurer, ces expressions peuvent sembler anodines.
Pourtant, elles sous-entendent qu’il aurait pu y avoir un souci ou un problème. L’emploi de ces formules peut ainsi être perçu comme une manière de minimiser le désagrément causé par une situation, alors qu’il aurait été préférable d’exprimer ses excuses ou sa compréhension. Par exemple, au lieu de dire « Pas de souci » lorsque quelqu’un s’excuse d’être en retard, il serait plus approprié de dire « Ne t’inquiète pas, ça arrive à tout le monde ».
De plus, « Pas de souci » ou « Pas de problème » sont souvent utilisées pour clore une conversation ou éviter un conflit. Or, cela peut donner l’impression de refuser le dialogue et de ne pas prendre en considération les préoccupations de l’interlocuteur. Il est donc préférable d’opter pour une réponse plus explicite, comme « Je comprends ton point de vue » ou « Merci de m’avoir fait part de tes inquiétudes ».
2. « Bonne chance »
Destinée à encourager, cette expression a pourtant un double sens.
- Premièrement, souhaiter « bonne chance » à quelqu’un peut être perçu comme une manière de lui rappeler les difficultés qu’il va devoir affronter, et donc de lui mettre une pression supplémentaire. Il serait plus empathique de dire « Je suis sûr(e) que ça va bien se passer » ou « Tu as toutes les compétences pour réussir ».
- Deuxièmement, la notion de chance peut laisser croire que le succès ne dépend pas des efforts ou des compétences de la personne, mais d’un facteur extérieur et aléatoire. Pour éviter ce sous-entendu, il est préférable de dire « Je te souhaite de réussir » ou « Je crois en toi ».
3. « Je suis désolé(e) si… »
Les excuses sont nécessaires pour reconnaître ses erreurs et faire preuve d’empathie. Toutefois, la formulation « Je suis désolé(e) si… » peut être maladroite.
- En effet, l’utilisation du « si » implique une condition, et donc un doute quant à la responsabilité de la personne qui s’excuse. Cette tournure peut être perçue comme un moyen de se dédouaner ou de minimiser l’impact de ses actes. Il est préférable d’opter pour une formulation plus directe et sincère, telle que « Je m’excuse pour… » ou « Je regrette d’avoir… ».
- De plus, les excuses ne doivent pas être accompagnées de justifications ou d’explications, qui peuvent donner l’impression de chercher à se disculper. Il est important de se concentrer sur les sentiments de la personne lésée, en exprimant par exemple sa compassion ou sa compréhension : « Je comprends que tu sois contrarié(e) » ou « Je n’aurais pas dû agir ainsi ».
4. « Sans vouloir vous vexer… » ou « Sans vouloir vous offenser… »
Ces précautions oratoires sont souvent employées pour adoucir une critique ou un jugement. Néanmoins, elles sont loin d’être inoffensives.
En effet, elles annoncent implicitement que ce qui va être dit est susceptible de vexer ou d’offenser. De plus, elles mettent en avant l’intention de l’émetteur, qui est supposé ne pas vouloir blesser, plutôt que les conséquences de ses propos sur l’interlocuteur. Il est donc préférable de renoncer à ces formules et d’exprimer directement et respectueusement son point de vue, en utilisant par exemple des termes comme « Je pense que… » ou « Selon moi… ».
5. « C’est intéressant… »
Employée pour donner un avis sur une idée ou une proposition, cette expression peut paraître bienveillante. Toutefois, elle peut aussi être source d’ambiguïté.
- D’une part, « C’est intéressant » peut être perçu comme une façon détournée de dire que l’on n’est pas convaincu ou que l’on n’adhère pas totalement à l’idée évoquée. Pour éviter ce malentendu, il est préférable d’être plus explicite et de dire « J’aime bien cette idée, mais j’ai quelques réserves… » ou « Je trouve que c’est une bonne idée, mais je pense qu’il faudrait encore la travailler un peu ».
- D’autre part, « C’est intéressant » peut donner l’impression de porter un jugement, et donc de placer l’émetteur en position de supériorité. Pour éviter ce sous-entendu, il est conseillé de privilégier des expressions plus neutres et ouvertes, comme « Je n’y avais pas pensé » ou « Cela mérite réflexion ».
6. « Je vous en prie » ou « Je t’en prie »
Utilisées pour répondre à un remerciement, ces formules peuvent sembler polies et courtoises. Cependant, elles ne sont pas exemptes de reproches.
En effet, « Je vous en prie » ou « Je t’en prie » peuvent être perçues comme une manière de se placer en position de supériorité, en insistant sur le fait que l’on a rendu un service ou accordé une faveur. Il est donc préférable d’opter pour des expressions plus humbles et égalitaires, comme « Avec plaisir » ou « C’était normal », qui mettent l’accent sur la bienveillance et la solidarité plutôt que sur la dette de gratitude.
7. « Je ne veux pas vous déranger… » ou « Je ne veux pas vous embêter… »
Ces expressions sont souvent utilisées pour introduire une requête ou une question délicate, dans le but de ménager la susceptibilité de l’interlocuteur. Toutefois, elles peuvent être contre-productives.
- Premièrement, elles suggèrent que la demande ou la question risque effectivement de déranger ou d’embêter la personne sollicitée. Il est donc préférable de choisir des formules plus neutres et rassurantes, comme « Puis-je vous poser une question ? » ou « Est-ce que vous auriez un moment pour m’aider ? ».
- Deuxièmement, elles peuvent donner l’impression que l’émetteur se sent coupable ou mal à l’aise, ce qui peut mettre l’interlocuteur dans une position inconfortable. Il est donc important d’adopter une attitude sereine et confiante, en se rappelant que les échanges et l’entraide sont au cœur des relations humaines.
8. « Excusez-moi de vous interrompre… »
Bien qu’elle semble respectueuse, cette expression cache en réalité une impolitesse : l’interruption.
En effet, interrompre quelqu’un est perçu comme un manque d’écoute et de respect, car cela signifie que l’on accorde plus d’importance à ce que l’on a à dire qu’à ce que l’autre est en train d’exprimer. Plutôt que de recourir à cette formule, il est préférable de patienter jusqu’à la fin de l’intervention de l’interlocuteur, puis de prendre la parole en disant « J’aimerais ajouter quelque chose » ou « Je voudrais réagir à ce que vous avez dit ». Si l’interruption est inévitable, il est important de s’excuser sincèrement et de reconnaître que l’on a commis une erreur, en disant par exemple « Je suis vraiment désolé(e), je n’aurais pas dû vous interrompre ».
9. « Si j’étais à votre place… » ou « Si j’étais toi… »
Ces expressions sont couramment utilisées pour donner un conseil ou exprimer une opinion, dans l’intention de se montrer empathique et solidaire. Cependant, elles peuvent être mal perçues.
En effet, elles présupposent que l’on est capable de se mettre à la place de l’autre et de comprendre pleinement sa situation, ses émotions et ses choix. Or, chaque individu a son propre vécu, ses propres valeurs et ses propres raisonnements, qui sont souvent inaccessibles aux autres. Il est donc plus approprié de reconnaître cette diversité et de s’exprimer avec humilité, en utilisant des phrases comme « Je ne suis pas dans ta situation, mais voici ce que je pense… » ou « Je ne prétends pas avoir la solution, mais voici une idée qui pourrait t’aider… ».
La politesse ne se résume pas à l’utilisation de formules consacrées, qui peuvent parfois dissimuler des impolitesses ou des maladresses. Elle repose avant tout sur l’écoute, le respect et la bienveillance envers autrui. Ainsi, en étant attentif aux mots que l’on emploie et en se mettant véritablement à la place de l’autre, il est possible de créer des relations authentiques et harmonieuses, qui participent au vivre-ensemble et au bonheur de chacun.